Actualité, Profession libérale

Publié le 11 octobre 2022

Alzheimer : acquérir les bonnes pratiques face à une suspicion de troubles neurocognitifs

La prochaine MasterClass sur le repérage et l'évaluation précoces des troubles cognitifs en médecine générale approche !

A cette occasion, nous nous sommes entretenus avec le Dr Michèle Hébert Demay, médecin gériatre et membre du comité pédagogique de l'action de DPC “Repérage et évaluation précoces des troubles cognitifs en médecine générale”.

Le 21 septembre dernier a eu lieu la Journée Mondiale de lutte contre la maladie d’Alzheimer. À cette occasion, que pouvez-vous nous dire de l’évolution de la maladie en France ?

La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées sont toujours des maladies pour lesquelles il n’existe toujours pas vraiment de traitement curateur, pour autant nous avons fait beaucoup de progrès dans la prise en charge.

En 2022, la maladie d’Alzheimer impacte près d’1,2 millions de personnes (chiffre que devrait doubler d’ici 2050), ce qui est considérable. D’autant plus quand on additionne le nombre d’aidants impliqués estimé à 2 millions. Cela veut dire qu’en France, à l’heure actuelle, il y a 3 millions de personnes qui sont impactés par cette maladie.

Comme nous n’avons pas de traitement curateur, nous avons mis en place de nombreux dispositifs d’aide. La feuille de route des maladies neurodégénératives de 2021 et 2022 insiste sur l’importance de renforcer l’engagement des professionnels de santé en matière d’entrée dans les parcours.

Beaucoup de personnes ne sont pas diagnostiquées, et lorsqu’elles le sont, c’est tardivement. On estime que 40 à 50% des personnes ne sont pas diagnostiquées, pour celles qui le sont, le délai de diagnostic est de 2 ans.

On s’est également aperçu de l’importance des aidants, avec un impact fort sur leur santé. La prise en charge de ces maladies ne peut être faite qu’avec leur aide…

Y a-t-il des avancées majeures ou de nouveaux dispositifs initiés ces dernières années ?

Il y a beaucoup de progrès dans les modalités de diagnostics de la maladie. A l’heure actuelle, on est quasiment certain de notre diagnostic notamment avec l’apparition des biomarqueurs, utilisés dans certains cas dans les centres de mémoire. Cela signifie que l’on est en capacité de repérer assez précocement les personnes qui ont une maladie d’Alzheimer.

Concernant la prise en charge, on essaye de plus en plus d’avoir un repérage précoce. Il faut éviter d’être dans l’urgence afin d’avoir suffisamment de temps pour expliquer et accompagner la personne et ses proches, tant qu’elle peut encore comprendre.

Beaucoup d’actions sont menées à destination des aidants. Il y a les plateformes de répit, où les aidants peuvent accéder à des informations, suivre des ateliers leur permettant d’avoir du temps libre et de prendre soin d’eux avec l’assurance que leur proche est pris en charge ; ce qui est très important.

Il y a 2 ans, l’ANDPC a lancé une consultation nationale afin de monter un projet de formation à destination des médecins généralistes. Pourquoi ces professionnels de santé sont-ils ciblés en priorité ?

Les médecins généralistes sont ciblés en priorité parce que ce sont ceux qui en premier sont au contact des patients. Globalement, les personnes consultent soit :

  • parce qu’elles sont emmenées par leur entourage qui trouve qu’il y a un problème
  • parce que sa personnalité a changé
  • parce que la personne a peur d’avoir une maladie d’Alzheimer et se demande si le fait d’oublier sa paire de lunettes est un symptôme

On s’aperçoit que, grâce à des outils simples comme le test des 5 mots, on peut évaluer en médecine générale, au sein du cabinet, avec le temps imparti, une plainte mnésique et faire la différence entre ce qui est de l’ordre de la plainte ou du trouble.

Quels sont les attentes et objectifs derrière cette formation ?

Du côté institutionnel, c’est un enjeu sociétal majeur car on sait que les cas vont augmenter. C’est important que la maladie puisse être reconnue et diagnostiquée ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. La formation « repérage et évaluation précoces des troubles cognitifs en médecine générale » ne concerne pas le dépistage. Ce qu’on veut, c’est donner les outils aux médecins généralistes leur permettant dans le cadre de leur bilan de repérer quelles sont parmi les plaintes de mémoire, celles qui sont banales de celles qui correspondent à d’authentiques troubles mnésiques.  

Il y a donc des actions à mener, des actions d’information autour de la maladie. Les gens en ont souvent entendu parler mais ne connaissent pas très bien le sujet.
C’est très important d’avoir un diagnostic précoce pour pouvoir en parler avec la personne concernée et ses proches afin de leur donner le temps de mûrir leur réflexion, de les orienter et de leur communiquer toutes les informations nécessaires. 

Pour les médecins généralistes, l’enjeu est de savoir repérer lorsqu’il y a une plainte, rassurer lorsqu’il le faut et procéder à une évaluation pour renvoyer le patient vers un centre de mémoire.

Vous avez animé plusieurs sessions de formation, que ressort-il de ces échanges avec les médecins ?

Il y a très peu de formations dans nos études sur la maladie d’Alzheimer, et celles reçues ne sont pas applicables à un cabinet de médecine générale.

Le plus important est qu’ils apprennent concrètement ce qui peut être fait dans leur cabinet, que le diagnostic peut quasiment être posé. Ensuite, ils apprennent aussi ce qu’ils peuvent dire . L’annonce du diagnostic, ce n’est pas à eux de la faire, mais ce n’est pas la peine non plus d’être « faussement rassurant », il faut un discours qui soit vrai car les gens attendent des réponses.

Les médecins formés ressortent de cette formation avec plus de confiance.

En savoir + sur le Dr Michèle Hebert Demay

Le Docteur Michèle Hébert Demay est gériatre et travaille au sein de 4 EHPAD différents en tant que médecin coordinateur et prescripteur. Spécialisée dans la maladie d’Alzheimer, elle est membre d’un syndicat et d’une association de médecins coordinateurs. Au quotidien, elle prend en charge les pathologies complexes ainsi que les patients atteints à un stade avancé de la maladie d’Alzheimer. Elle accompagne également les familles, pour les aider à cheminer et, bien souvent, à effectuer les deuils successifs liés à l’évolution de la maladie.

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