Actualité, Établissement de santé

Publié le 13 octobre 2022

Comment démystifier l’apprentissage de l’anglais auprès des soignants ? Entretien avec Amy Whereat, responsable du pôle Anglais Médical

Nous avons profité d'une session de formation sur-mesure spéciale Euro SimCup pour rencontrer notre responsable pédagogique du pôle Anglais médical, Amy Whereat, et en apprendre davantage sur ses méthodes pédagogiques et ses secrets de coaching !

Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer l'objectif de votre intervention ?

Je m’appelle Amy Whereat, je suis australienne mais je vis et travaille en France où je suis consultante spécialisée et rédactrice médicale. Je suis également responsable du pôle de formations Anglais Médical au sein de Panacéa Conseil & Formation Santé.

L’objectif de cette journée est de former une équipe pluridisciplinaire de soignants à la gestion d’une urgence collective. La particularité de cette formation c’est qu’ils doivent communiquer en anglais avec le patient pour :

  • Savoir ce qu’il s’est passé
  • Identifier s’il est conscient ou non
  • Poser un diagnostic avant de se répartir les interventions

 

Comment coachez-vous vos apprenants en vue d'un challenge tel que la Sim’cup ? Comment les aidez-vous à gérer leur stress ?

Une partie du déblocage consiste en la démystification de l’anglais. Sortant de l’éducation nationale, ils ont tous peur de parler anglais. Ils savent lire parfois mais sont convaincus qu’ils ne maîtrisent pas bien l’anglais. Certaines professions issues du corps paramédical n’ont pas suivi de formation en anglais, ils connaissent très peu la langue et arrivent avec une réelle crainte de s’exprimer.

 

La première chose que l’on fait, c’est de les rassurer : l’anglais médical c’est 90% de racines latines-grecques, donc la communication technique entre eux ressemble beaucoup à ce qu’ils font déjà en français. Une fois qu’on leur a démontré que le mot est quasiment le même en français qu’en anglais mais avec un accent un peu différent, cela démystifie beaucoup de choses instantanément.

La deuxième chose c’est donner des phrases très simples pour leur montrer une autre façon de communiquer un message ou de poser une question.

Ce que j’essaie de faire, c’est “men in black”, je leur dis de se vider la tête et d’oublier tout ce qu’ils ont appris. S’il faut poser une question, je leur apprends comment poser la question au présent et au passé, le reste ce n’est qu’un peu de vocabulaire médical. Une fois qu’ils ont compris qu’ils peuvent se limiter à un certain nombre de phrases, cela diminue énormément leur stress. 

Constatez-vous une évolution des demandes de formation en anglais médical de la part des établissements de santé, si oui comment l’expliquez-vous ?

Cela fait 10 ans que j’anime ces formations. Au début nous en faisions peut-être une par mois et au fur et à mesure, la demande a augmenté. 

A l’époque, beaucoup de formations étaient animées par les écoles de langues. Quand les apprenants ont commencé à venir chez Panacéa, ils ont remarqué un changement majeur : être formé par des professionnels du secteur de la santé, que ce soit des médecins, des infirmières, ou des personnes ayant une formation médicale. 

Avoir une équipe d’intervenants avec une formation médicale rapproche directement le stagiaire, cela lui permet de poser n’importe quelle question clinique ou technique et le formateur peut trouver la réponse rapidement. C’est ce qui fait, je pense, la différence avec un organisme de formation classique.

Quels sont les besoins des professionnels de santé que vous rencontrez et formez ? Y a-t-il des attentes spécifiques en fonction des professions ou des différentes formations ?

Il y a un vrai besoin de gagner en confiance. Aujourd’hui les soignants sont face à une population qui n’est pas francophone, ce sont souvent des immigrés, ils ont besoin de pouvoir communiquer avec eux, d’avoir une communication plus sensible, qui permet de montrer de l’empathie au patient malgré la barrière de la langue. 

Souvent les apprenants nous disentje ne peux pas montrer tout ce que je sais faire avec mon anglais, je ne peux pas montrer de compassion, je suis mal à l’aise car je vois des gens dans des situations très complexes et je ne peux pas les rassurer ou les aider complètement.”

Ils ont donc besoin de travailler un vocabulaire de base en priorité, mais il y a aussi un deuxième niveau qui permet d’aller plus loin dans le relationnel avec le patient, d’obtenir davantage d’informations. Aujourd’hui, on leur donne les fondamentaux  pour qu’ils puissent aller vers un patient anglophone sans avoir peur, ni se sentir démunis.

On entend souvent qu’il est plus facile d’apprendre des langues étrangères lorsque l’on est enfant, comment faites-vous pour lever les freins des adultes et les aider à progresser rapidement ?

La méthode qu’on a mise en place est très importante. On a pris beaucoup de temps pour réfléchir avec les médecins à des structures identiques à ce qu’ils peuvent faire en français, ils ont donc la même logique, le même raisonnement. Nous avons pris le temps d’analyser cette logique là, nous faisons beaucoup de répétitions pendant la formation, nous avons limité la grammaire au maximum pour avoir les structures les plus évidentes et instinctives possibles. 

Il y a également beaucoup de coaching pour débloquer, démystifier, encourager et détendre tout le monde. On fait très souvent un petit moment de méditation au début de la séance pour mettre tout le monde en condition et réviser les parties du corps en même temps

Enfin, on ne travaille que sur des mises en situation avec les mêmes scénarios inspirés de leur environnement professionnel. Par exemple, on ne travaillera pas les mêmes scénarios en Corse (mer, montagne, route) qu’en Normandie (maladie, accident de la route), ou que dans l’est (accident de ski, montagne…). Le vocabulaire travaillé est en lien direct avec ce que les apprenants rencontrent le plus souvent en situation réelle, puis on répète, on répète, on répète.

On ne pratique presque que de l’oral, très très peu d’écrits. L’idée est de mettre tout le monde à l’aise, nous venons tous du milieu de la santé alors nous nous comprenons et cela crée de la proximité.

Deuxième chose, l’immersion est très importante. On parle très peu de français en formation. On travaille énormément avec des images, des situations qu’ils ont l’habitude de voir. Ils comprennent directement comment décrire une situation en anglais en faisant le lien avec la situation qu’ils rencontrent. Nous nous inspirons aussi de la pédagogie de l’enfance, ainsi que de la pédagogie active.

Les professeurs de langue classiques n’ont pas la même démarche, ils emploient une pédagogie qui est souvent trop longue à assimiler et à appliquer pour les professionnels de santé. Nous, nous sommes des professionnels de santé et nous avons une pédagogie qui réfléchit, c’est ce qu’on appelle l’Evidence Based Teaching.

 

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